En local et au national, la proportionnelle mais pas que…

Les élections législatives ont consacré la fin du bipartisme pourtant favorisé par un mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Une nouvelle ère doit émerger sous peine de paralysie. Celle de la fin des blocs antithétiques, des alliances contre nature au 1er tour et des affrontements surjoués. Place aux projets et à la nécessité du compromis. Nous en sommes loin.

Adopter aux élections législatives un mode de scrutin proportionnel permettrait d’éviter cette paralysie. Les Députés auraient l’obligation d’amender leurs projets, de convaincre et de constituer des alliances. Ce mode de scrutin n’est pourtant pas la panacée. Il donne un poids exacerbé aux partis, aux apparatchiks et peut amener à la multiplication de listes fantaisistes.

De même, il y a proportionnelle et proportionnelle. Une proportionnelle intégrale n’a rien à voir avec une proportionnelle partielle. Les primes majoritaires peuvent quant à elles considérablement modifier les résultats d’une élection proportionnelle.

Ainsi, au niveau municipal, la liste arrivée en tête, quel que soit son score, obtient une prime majoritaire considérable. C’est un gage de stabilité de l’exécutif local mais cette prime est excessive. En 2020, la liste d’Éric Berdoati a réuni 56% des suffrages dès le 1er tour. Majorité absolue donc un seul tour. Normal. Comme cette liste est arrivée en tête, prime majoritaire oblige, elle rafle d’entrée 50% des 35 sièges à pourvoir au Conseil Municipal. C’est la loi. Les 50% de sièges restants sont partagés à la proportionnelle entre toutes les listes, y compris la liste qui a déjà obtenu 50% des sièges. Au final, la liste d’Eric Berdoati qui a fait 56% des voix obtient plus de 75% des sièges (28 élus), la liste Macroniste qui a fait 30% des voix n’obtient que 13% des sièges (5 élus) et la liste de gauche qui a fait 13% n’obtient que 5% des sièges (2 élus).

N’est-ce pas exagéré ?

À l’arithmétique, ajoutons la pratique du pouvoir. La majorité actuelle exerce le pouvoir local sans partage et sans aucune forme de consultation de ses oppositions. Nous sommes pourtant ouverts et constructifs. N’est-il pas envisageable que nous ayons de bonnes idées ? Pourquoi s’en priver ?

L’exercice du pouvoir ce sont des règles démocratiques à respecter, mais c’est également un état d’esprit. Alors la proportionnelle oui, mais pas que…

Xavier Brunschvicg et Alain Montet

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