Logement social : les faux arguments d’Eric Berdoati
Notre tribune. Saint-Cloud Magazine janvier 2022
Saint-Cloud fait partie de ces villes condamnées à payer de lourdes amendes pour non-respect de leurs obligations en matière de logement social.
Notre Maire a un argument massue : pour se conformer à ses obligations, la ville devrait construire trop de logements, ce qui conduirait à une inacceptable densification. Il ne serait donc pas contre les logements sociaux par principe mais en raison de leurs conséquences urbanistiques. Cet argument est tout simplement fallacieux.
En effet, la ville, logements sociaux ou pas, doit construire chaque année une trentaine de logements pour éviter qu’elle ne perde des habitants. Les gens sont en effet moins nombreux dans chaque logement (familles recomposées, garde alternée, vieillissement etc.). Une certaine forme de densification est par conséquent inéluctable. L’enjeu est de savoir comment on la maîtrise, comment on la circonscrit et comment on préserve certaines zones et un cadre harmonieux qui sont constitutifs de l’identité de Saint-Cloud et de sa qualité de vie.
Car depuis de nombreuses années, Saint-Cloud est livré aux promoteurs immobiliers qui s’en donnent à cœur joie. De très nombreux immeubles d’habitation ont été construits. Mais ils sont hors de prix et de fait réservés aux catégories sociales les plus favorisées. Si tous ces immeubles avaient comporté 30% ou 50% de logements sociaux, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Nous ne serions pas « carencés », placés sous tutelle et condamnés à payer de lourdes amendes. Par ailleurs, il est possible de réaffecter des logements vacants ou rénovés et de les transformer en logements sociaux. Nous aurions ainsi plus de logements sociaux sans avoir besoin de construire.
La vérité est ailleurs. La vérité, c’est que le Maire conduit une politique délibérée, mais sans l’assumer, visant à refuser la mixité sociale à Saint-Cloud. Il le fait pour contenter son électorat le plus réactionnaire qui préfère payer des amendes plutôt que d’accueillir des infirmières, des policiers, des employés, des artisans ou des puéricultrices. Tous les mois en Commission logement, nous sommes confrontés à des situations sociales insupportables et malheureusement impuissants pour les résoudre.
Ce sont les mêmes qui dénoncent les banlieues ghettoïsées mais qui mènent des politiques visant à transformer leur propre territoire en ghetto. Oui, mais en ghetto de riche…
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