La démolition du patrimoine de Saint-Cloud. Au profit de qui ?
Les demeures de caractère, qui font de Saint-Cloud un cadre de vie d’exception, disparaissent les unes après les autres. Et fleurissent un peu partout des immeubles modernes, identiques les uns aux autres, sans ambition architecturale.
Ces constructions ont-elles au moins pour but de loger les familles clodoaldiennes ? Non, puisqu’à plus de 10000 euros le m2, ce sont les Parisiens repentis qui s’installent ici dans le but de chercher un peu de verdure. D’ailleurs, aucune crèche ne se construit en rez-de-chaussée de ces constructions. Comme si les nouveaux habitants n’avaient pas d’enfants. Parce que ce n’est pas le profil recherché ? Quelles politiques sont mises en place pour loger les familles clodoaldiennes et leurs enfants qui s’engageraient dans des voies professionnelles moins lucratives ?
Au vu du prix, nous ne logerons pas ceux qui voudraient travailler dans la Petite Enfance, ni les infirmiers, policiers, professeurs, petits commerçants, assistantes maternelles… Mais un seul profil de catégories (très) aisées qui unifie la population clodoaldienne, au détriment de la richesse sociale et culturelle que peuvent nous apporter ceux qui travaillent à nos côtés. Un jeune clodoaldien peut-il envisager de devenir enseignant ou sage-femme dans sa propre ville ? Les clodoaldiens ne souhaitent-ils pas les garder auprès d’eux en développant l’offre de logements sociaux ?
Ces constructions ont-elles alors pour but d’augmenter la démographie sans défigurer la ville ? Non, puisque l’uniformité et la proximité des nouveaux immeubles en fait une banlieue comme une autre. Certains clodoaldiens ont dû déménager face aux constructions qui s’élevaient devant leurs fenêtres. Vis-à-vis, manque de lumière, peu d’espaces verts : jusqu’où iront les démolitions des demeures clodoaldiennes ?
Ne serait-il pas préférable de privilégier la construction d’un ou deux immeubles à étages plus élevés, et d’ainsi préserver le cadre privilégié de la ville ? Oser un geste architectural fort, qui répondrait par exemple aux voiles de la Fondation Louis Vuitton ou au nid de la Seine Musicale ? Avec des logements mixtes, une crèche, des infrastructures sportives.
Sortir de l’état de carence de la ville en termes de logements sociaux, c’est aussi donner une chance à Saint-Cloud de garder son Histoire.
Irène Doutsas et Xavier Brunschvicg
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