Depuis février et l’élection municipale partielle de Garches nous aurons été en campagne cinq mois ! Cinq mois au contact des habitants, de nos concitoyens et concitoyennes.

À chaque fois (ou presque) je revenais de ces tractages avec un goût bizarre (je dis je, parce que c’est mon sentiment personnel, d’autres peuvent avoir le leur). Le sentiment que ce n’était pas comme d’habitude.

Nous sommes habitués à être des OVNI en tant que militant·e·s de gauche sur des terres de droite. Il fût un temps où nous étions tolérés avec amusement « quel courage ! », « ça ne doit pas être facile ici dites donc pour vous ! »

Nous nous sentions une fraternité émue pour les pandas, nos frères en voie de disparition ! Rarement nous étions confrontés à de l’hostilité, on ne s’en prend pas à un panda !

Mais là c’était autre chose, de la défiance, de l’indifférence, de la fuite… Comme si le·la pauvre militant·e planté·e là avec ses tracts représentait tout ce qui n’allait pas dans le pays.

Presque pas d’échange et les rares échanges tournaient souvent à l’invective.

Ces reproches incessants parce que nous gâchions du papier avec nos tracts, une autre façon de nous dire que nous n’avions pas à être là. Ces regards bas, fuyants, ces démagogiques « je l’ai déjà » (votre tract), que marquaient ils ? un refus ? une fatigue, un désappointement, autre chose ?

J’ai senti la fièvre monter. Le stade d’après, c’est la fièvre comme Stefan Zweig la ressentait dans sa Vienne d’avant-guerre « Il ne restait dès lors qu’une chose à faire : se replier sur soi-même et se taire aussi longtemps que durerait la fièvre et le délire des autres. »

La fièvre, nous l’avons vue réellement au plus haut au moment des législatives. Insultes, colère crachée, si un·e militant·e de gauche ne s’est pas fait traiter d’antisémite à ce moment-là c’est qu’il·elle était sur une ile déserte !

Heureusement, nous nous sommes repris dans les urnes. Gauche, centre, droite, des femmes et des hommes ont voté contre leur conviction partisane pour ne pas abandonner la France à l’extrême droite. La vraie fête nationale a eu lieu le 7 juillet cette année !

Mais il va falloir prendre régulièrement la température, la fièvre couve. Et soigner ses causes surtout.

Et comme nous avons une bonne dose de masochisme, nous reprendrons les tractages et les contacts hors campagne électorale parce que la République, selon le mot sublime d’Ernest Renan est « un plébiscite de tous les jours », elle se construit dans la parole échangée, dans l’élaboration incessante de l’altérité.

Si vous voulez prolonger, je vous recommande la série « La Fièvre ».

Et l’analyse politique qui en est faite par 30 intervenants pour la Fondation Jean Jaurès.

Alain Montet
Secrétaire de la section socialiste de Saint-Cloud et Garches

La rédaction

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