La Nupes, oui, non, peut-être ?
Nous vous proposons deux textes sur la Nupes qui expriment deux positions différentes. N'esquivons pas le débat !
Nupes suite ou fin ou suite ?
Le Conseil National du Parti Socialiste a décidé d’adopter un moratoire sur sa participation à l’intergroupe de la Nupes à l’Assemblée Nationale. Cette décision a été votée à 54 %.
La situation est à la fois simple et complexe, c’est le propre d’un paradoxe.
Ce qui est simple, ce sont nos désaccords avec Jean Luc Mélenchon et la direction de LFI depuis longtemps, sur pas mal de sujets, mais surtout depuis quelques jours au vu de leur position sur la situation en Israël et en Palestine.
Sur le caractère terroriste du Hamas nous divergeons de manière radicale et sur les enjeux qui y sont liés.
Ce qui est complexe peut se décrire comme en archéologie par des couches différentes :
La couche du rapport de force : suite au dernier quinquennat de François Hollande (Hidalgo : 1% // Jadot : 5 % // Mélenchon : 22 %, pour rappel en 2017 : Hamon + Les Verts 6 % // Mélenchon 19%)
Ces résultats signifient que les orientations de notre gauche de gouvernement ne représentent plus tout à fait, dans leur traduction dans les urnes, le centre de gravité de la gauche. Les attentes des français·es ne se réduisent pas aux résultats électoraux mais compte tenu des niveaux d’abstention nos orientations politiques n’ont pas été valorisées.
Ne pas tenir compte de ce rapport de force c’est se condamner à un déni mortel.
En 2022 la majorité du Parti Socialiste faute d’alliance alternative a choisi l’union avec la Nupes.
Une autre stratégie, l’autonomie, aurait pu être envisagée, nous ne saurons jamais quelle histoire elle aurait façonnée.
La couche du rejet : la gauche-LFI a attiré nombre d’électrices et électeurs (et également de nombreux de sympathisants socialistes qui ont voté LFI au premier tour de la présidentielle, nous ne les oublions pas !), cet électorat n’est pas tombé du ciel. Il s’est notamment formé (à tort ou à raison) en réaction aux politiques conduites dans la seconde partie du quinquennat de François Hollande.
La couche de la demande d’union : la demande d’union chez les électrices et électeurs de gauche est très forte. Il y a une exaspération quant aux divisons de la gauche. Ne pas oublier non plus que les élu·es de gauche dans leurs diversités travaillent ensemble.
Nous sommes favorables à cette aspiration, Olivier Faure a redit qu’il voulait plus d’union et mieux d’union. Mais pas sous la coupe de LFI et de son leader.
J’entends bien celles et ceux qui projettent de reconstruire la gauche sans une grande partie de la gauche, pour le moment je vois bien l’intention mais pas la stratégie.
Et maintenant ? Que faire comme disait Lénine ?
Plusieurs choses à la fois, en tenant compte des différentes couches de complexité exposées et qui ne sont pas exhaustives :
- S’émanciper ou sortir de la Nupes sans tourner le dos à l’union de la gauche.
- Refaire une union de la gauche renouvelée.
- Redevenir audible dans un contexte de désengagement politique.
- Aller chercher au-delà des partis les électrices et les électeurs du parti de gauche le plus important de France, celui des attentistes, des semi-désengagés ou semi-engagés, des orphelins d’une gauche de gouvernement.
- Mettre nos pas dans ceux d’Antonio Gramsci qui nous soufflait d’« allier le pessimisme de la raison à l’optimisme de la volonté ».
En suivant Gramsci, je reste persuadé qu’une gauche de gouvernement vertébrée dans ses valeurs, solide dans ses fondamentaux, la justice sociale, la bifurcation écologique, crédible dans son programme peut être réentendue et suivie.
Dit autrement, faire de la sortie (possible / probable ?) de la Nupes un commencement.
La sortie de la Nupes n’est pas une fin en soi.
Nous ne sommes plus (aujourd’hui) désirés. Ce n’est pas une fatalité.
Pour cela, nous devons continuer à travailler entre nous, nous réunir, projeter, débattre et aller chercher les indifférents avec lesquels nous devons renouer.
C’est-ce que modestement nous nous efforçons de faire au niveau local.
Nous le faisons car nous croyons à la saine différence en démocratie entre la gauche et la droite, car nous aspirons à une gauche de gouvernement réellement transformatrice pour éviter le pire qui nous attend si notre indifférence prend le dessus.
Pour une fois c’était trop long donc merci d’avoir été jusqu’à la fin.
Alain Montet
Secrétaire section socialiste de Saint-Cloud Garches
Ce devait être une Belle Alliance…
Réponse à Olivier Faure
Ce devait être une « Belle Alliance » qui nous permettrait non seulement d’obtenir quelques sièges de députés et ainsi nous assurer une représentation nationale, mais aussi construire une force de Gauche puissante, constructive, active, fédératrice.
La NUPES arrivait sur la scène politique !
Via ce vecteur, s’appuyant sur des propositions, des actions, des réflexions, de contribuer à transformer notre société. Certes modestement, avec pondération, sachant que chaque petit pas permet d’ouvrir vers un avenir meilleur.
Les valeurs qui nous sont si chères et si précieuses continueraient à vivre, permettant de maintenir une puissante digue nécessaire face aux forces sombres et menaçantes tant en Europe que dans le monde.
Sur ce beau projet, la NUPES s’est édifiée, entraînant dans son sillage plusieurs « millions de personnes ».
Plus d’un an après la question qui se pose :
« Quel est le bilan de ce rassemblement ? »
Avancées sociétales, avancées sociales, avancées économiques, avancées citoyennes, avancées idéologiques ?
Personnellement, je n’en vois aucune !
Plus grave : une déconstruction de l’image de la Gauche, un brouillage délétère des valeurs.
- Confiscation de tous les débats à l’Assemblée Nationale par des comportements tantôt radicaux, souvent vulgaires, toujours outranciers.
- Une dégradation de l’image des élus et de leur rôle obérant encore d’avantage la perception des « Politiques « et du « Politique »
- Un blocage de toutes les tentatives visant à proposer des progrès souhaitables dans cette période de mutations.
Certains diront : « C’est la faute à… »
Position paresseuse, argument facile, bien commode pour cacher notre responsabilité.
Je n’ai jamais adhéré à cette alliance, pressentant que nous nous engouffrions dans ce qui ressemblait à une imposture, et notamment concernant le fameux programme, dont, sans être un grand politique, l’on pouvait anticiper son manque de crédibilité et donc son caractère inapplicable.
Mes craintes se sont avérées bien en deçà de la réalité, hélas !!!!!
Aujourd’hui, après de nombreuses hésitations, tergiversations, il semblerait que nos cadres ont voté une remise en question de cette alliance. Attention, sous forme d’un moratoire.
S’appuyant de manière opportuniste sur les derniers évènements tragiques se déroulant dans la Région Israélo Palestinienne. Il y a eu pourtant bien d’autres occasions et depuis longtemps…
Je demande une réelle sortie de cette alliance qui n’a déjà que trop tardé.
Nous n’avons plus le droit à l’erreur : reconstruire la gauche doit peut-être passer par un moment de pause, nous ne gagnerons rien à courir après un autre rassemblement non réfléchi.
Je fais donc partie de ceux qui projettent de reconstruire la gauche sans une grande partie de la gauche comme le dit Alain. En effet, je milite pour un rassemblement clair, finement négocié où l’on ne renie rien, pour moi ça fait une grande différence.
Le bilan de notre union me donne raison, les personnes de gauche qui partagent nos valeurs ne s’y trompent pas, alors ne restons pas dans un déni mortel.
Annie MARTIN
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